Colonel de l’armée ivoirienne, ancien député RDR de Bangolo, chef du village de Diébly dans le Mont Péko (département de Bangolo), Gaoudi Oualata a accordé une interview au journal Le Nouveau Réveil, dans son édition du samedi 7 novembre 2020 où il explique sa vision de la situation que vit la Côte d’Ivoire et le rôle du militaire.
"A priori, la place du militaire est une place centrale. C’est une place de neutralité par rapport aux partis politiques. Dans la sphère politique, l’armée n’a pas son rôle à jouer. Dans le cas de la Côte d’Ivoire, je dis qu’en 1993, au décès du président Félix Houphouët-Boigny, j’étais aide- du-camp du général Guéï, il y avait l’article onze de la Constitution qu’il fallait appliquer", explique-t-il.
"Cette fois-là, l’armée a joué son rôle, c’est-à-dire, protéger la constitution. Nous l’avons protégée. Le général Guéï était le fer de lance. Et l’article onze a été appliqué. Dans le cas que nous vivons, c’est encore une question de constitution", a détaillé Gaoudi Oulata.
L'ex-proche du Président Alassane Ouattara qui a été son directeur de campagne à l'Ouest, à la présidentielle de 2010, affirme : "Ici, la Constitution est devenue le problème avec la confusion qui tourne autour de cette Constitution. Donc les chefs militaires doivent entrer en eux-mêmes".
Précisant : "Quel est leur rôle à eux ? Ils savent ce qu’ils doivent faire. De quel côté pencher ? Je ne peux pas dire ici de pencher d’un côté ou d’un autre. Mais l’armée doit pouvoir faire aussi une diplomatie comme je l’ai fait à plusieurs reprises".
Le colonel à la retraite fait des rappels historiques.
"Quand il y a eu la mutinerie de Mai-juin 2000, le Comité national de salut public (Cnsp) avait indexé le président Ouattara comme étant celui qui était derrière le coup ! Et il était question de l’arrêter. J’étais un commandant de la sécurité présidentielle sous le général Guéï. Je suis intervenu pour dire au général Guéï, non il ne le faut pas ! Parce que si on fait ça, cela va écorner votre image et ça va créer d’autres problèmes".
Poursuivant : "Il m’a dit, bon qu’est-ce qu’on fait ? Je lui ai dit, le président Alassane va m’envoyer quelqu’un pour discuter avec lui. Il a envoyé le ministre Hamed Bakayoko qui était un de ses hommes, il n’était pas encore ministre. On s’est donné rendez-vous à Agban (camp de gendarmerie d’Agban) j’ai accompagné Hamed devant le général Guéï, je suis intervenu pour désamorcer cette affaire".
"Je me dis que le chef militaire aussi, c’est cela. Tu ne vas pas voir ton pays que tu es chargé de défendre aller à vau-l’eau ! A un moment donné, il faut aller rencontrer les responsables pour leur dire, voilà cette situation, il faut mettre fin à ça", explique Gaoudi Oualata, dans son interview exclusive, l'homme ne s'exprimant pas beaucoup en public.
"Les armées peuvent le faire, parce qu’in fine, ce sont elles qui seront responsables de tout ce qui va arriver. S’il y a une guerre civile, les armées seront mal à l’aise ! Elles ne seront pas capables de résoudre le problème ! Elles seront dépassées. Pour ne pas qu’elles soient dépassées, il faut qu’à un moment donné, elles arrivent à dire ce qu’il y a, au regard des textes, au regard de leurs missions", précise-t-il.
"Dans l’armée, on dit, l’uniforme n’a de gloire que par la valeur de celui qui le porte. C’est très important. Parmi les chefs, il y a de gros exécutants ! Et il y a des vrais chefs militaires. Quel que soit ce que cela va leur coûter, il faut commencer par parler aux différents antagonistes qui sont face à face. Il faut leur dire ce qu’il y a. C’est en cela qu’on dit, dis-moi quel est ton cursus de formation militaire, quels sont tes diplômes de qualification, je te dirai quel général tu es", conclue Gaoudi Oulata.
Source: Nouveau Réveil