TIPADIPA : Un pacte sexuel se termine au tribunal

Le dénommé « 9 Mois », au juge Président : « Il m’a imploré d’enceinter sa femme pour lui … »

Tipadipa/Gagnoa-Photo-archives

Accusé de proferer des menaces de mort, le nommé Zogbé Zakra Hermann alias « 9 Mois » âgé de 20 ans a été appréhendé en Janvier 2021 et mis aux arrêts par des éléments de la brigade territoriale de Gagnoa, sous un chef d’accusation plein de rebondissements, s'il semble pour le moins annodin.  

A la vérité, le délit à vouloir lui imputer, n’est autre qu’une manigance dont l’on a fini par découvrir l'origine. Comme s’il s’agissait des écueils cachés sous la marée haute, les raisons et détours secrets de cette histoire finiront par se dévoiler au grand public.

Le fils adoptif et le père que l’on croyait vivre et mourir en odeur de sainteté, finiront par se regarder en chien de faïence dans le village de Tipadipa

En effet, Zogbé Zakra Hermann dit « 9 Mois » fut l’employé-éleveur de poulets du sieur Dago S. Au vu de leur cordiale relation et d’une confiance absolue, l’employeur finira par considérer son employé comme son propre fils. A tel point que « 9 Mois »  est devenu l’homme à tout faire pour M. Dago. Au moment où l’on ne s’y attendait pas, le fils et le père s'embrouilleront dans une affaire confuse. Ce sérieux désaccord les amenèrent à se séparer, « à couper igname ». Ce fils adopté et le père que l’on croyait vivre et mourir en odeur de sainteté, finiront par se regarder en chien de faïence dans le village de Tipadipa.

Au cœur de ce divorce choquant semble se trouver une somme de 100 000 FCFA. Zogbé Zakra Hermann dit « 9 Mois »  qui ne lâchait pas prise, devenait ennuyant pour son patron Dago à qui il réclamait son dû. A l’en croire, cette dette est sujette à un arrangement sexuel. Pour éventuellement voiler cette affaire avilissante, M. Dago, complotera contre son « bon petit » en l’accusant de menaces verbales de mort. De ce fait, « 9 Mois » sera arrêté et conduit manu militari à la brigade de gendarmerie pour répondre de ses actes, d’où il sera plus tard déféré au parquet de ladite ville.

J’étais employé de M. Dago. Un soir, mon patron ici présent, m’a fait asseoir pour me dire qu’il a un secret à me confier.

 Devant le président du tribunal correctionnel, Zogbé Zakra Hermann « 9 Mois » est catégorique: « Non ! Je ne reconnais pas l’avoir menacé de mort. Je tiens à vous signaler que j’ai passé six (6)  jours de détention au violon avant d’être déféré. Ce dont M. Dago m’accuse, n’est autre que mensonger. Au contraire, c’est lui qui m’a pourchassé avec une machette dans le village. Dans ma fuite, j’ai dû aller me refugier au cimetière car il tenait à ma peau », repondra le prévenu avant de poursuivre :

« j’étais employé de M. Dago. Un soir, mon patron ici présent, m’a fait asseoir pour me dire qu’il a un secret à me confier. De sa propre bouche, il me disait ceci : ‘mon fils, je vais te confier un marché. Je te propose la somme de cent milles francs (100 000 FCFA) pour l’accomplissement de cette tâche. A genoux devant moi, il poursuivit. Je veux que tu m’aides à engrosser ma femme car j’ai un handicap. Je suis impuissant, donc je ne peux pas l’enceinter. J’ai toujours procédé ainsi pour avoir des enfants d’elle. Comme tu es mon bon petit, je veux que tu m’aides dans ce sens’. Ayant accepté ce pacte sexuel de 100 000 F, j’allais régulièrement chez lui, coucher avec sa femme sur son propre lit à chaque fois que le besoin et l’envie se faisait sentir ».

Et lui, M. Dago que faisais-t-il en ces moments précis, l’interrogera le magistral président. « Les rapports sexuels que j’entretenais avec sa femme se réalisaient en sa présence. Lorsque je venais pour accomplir ma mission, lui, M. Dago se couchait toujours au salon. Après m’avoir signalé que sa femme est tombée enceinte, je fus surpris que M. Dago revienne me dire que cette grossesse là est « tombée », ce qui m’est d’ailleurs égal car pour ma part, j’ai honoré  la mission qui m’a été confiée, donc j’ai procédé à réclamer la somme de 100 000F qui m’a été promise. Ce que refuse M. Dago car dira-t-il, « la grossesse n’est pas restée » donc il n’aura rien à me payer. Cet argument, je l’avais entièrement réfuté. Même ici à votre barre, je réitère que M. Dago me doit 100 000 F en guise de notre accord. S’il y avait lieu de recommencer, c’est qu’il fallait augmenter mon argent. A qui veut l’entendre, j’ai toujours révélé les dessous qui opposaient  M. Dago et ma personne. Que ce soit devant mes parents ou d’autres personnes ayant tenté la médiation. A la vérité, importuné par son créancier que je suis devenu et surtout, vu que je jetais la honte et l'opprobre sur lui,  M. Dago a décidé d’attenter à ma vie. Pour preuve, après qu’il ait raconté à mes frères et amis que si je n’arrête pas de l’agacer, il prendrait ma tête pour aller chercher de l’or, M. Dago m’a  poursuivi dans le village avec une machette (…)», déclarera en toute quiétude, haute et intelligible voix, le mis en cause Zogbé Zakra Hermann  alias « 9 Mois » .

Quant au plaignant, il déclarera ceci à la barre : « je n’ai jamais signé un pacte avec « 9 Mois ». Depuis deux mois que cette affaire perdure, il m’a toujours réclamé cette somme qu’il me dit lui devoir. Partout, il fait croire que moi Dago, je lui ai demandé de féconder ma femme pour moi. « 9 Mois » était mon « bon petit » en qui je faisais entièrement confiance. Il gérait presque tous mes biens. Mes transactions financières ne se faisaient que par lui. Parce que je l’ai pris comme mon fils (…)».

Dans ce que vous dites là, moi-même je suis perdu, dira le juge : « Qu’est ce qu’il vous réclamait au juste ? Et ce depuis quand ? Il vous encaissait pourquoi ? Il dit que vous lui devez de l’argent pour avoir fait quoi ? Mon bon petit ! Ça veut dire quoi ? Que voulez-vous insinuer ? En quoi vos relations sont-elles particulières ? Est-ce-que vous connaissiez sa moralité avant les faits? Les faits dont l’enfant vous accuse sont très graves. Est-ce que vous savez ça ? Qu’est ce qu'il peut pousser cet enfant à tenir de tels propos à votre égard ? Il revèle à la face du monde que vous lui aviez demandé d’enceinter votre femme. Et qu’en contrepartie, vous devriez lui donner 100 000 F. n’est ce pas cet argent qu’il  vous réclame? Qu’est ce qu’il a fait de façon concrète. Quels sont les propos qu’il a eus à tenir pour vous menacer ? Ça choque la morale. Ça parait irréaliste, choquant » … Monsieur Dago désenveloppera pour dire qu’il n’était pas présent le jour des faits. L’homme qui balbutiait presque à la barre a eu du mal à pouvoir donner des réponses cohérentes aux questions du président qui poursuivra: « Sur quoi vous basez-vous pour l’accuser de vous avoir menacé de mort ? (…) Pourquoi depuis que nous sommes ici, votre femme tarde-t-elle à arriver? Vous-même, est-ce que vous prenez la drogue ?

Aux questions du président, Dago répondra : « C’est parce que ma femme est indisposée qu’elle s’attarde en chemin. Sinon, elle viendra … Jamais ! Je ne prends pas de la drogue ». « On ne dirait pas hein …» dialoguera le président.   

Face à cette honte et au scandale attristant, «nous ne sauront jamais avec exactitude les causes de sa créance» dira Le président qui, incontestablement, s’est finalement rendu compte qu’il y avait anguille sous roche. Nonobstant tout, il condamnera Zogbé Zakra Hermann à quelques jours de prison.  C’est toute honte bue que M. Dago, âgé de 53 ans qui croyait atteindre son but, quitta la salle d’audience du mardi 2 Février 2021. L’auditoire de la salle d'audience ne pouvait s'empêcher de rire, à  la fois satisfaite et attristée face à cette histoire qui dépasse l’entendement. M. Dago désertera-t-il le village ? Nous y reviendront

AKOTO G

ivorycoasttribune.com

19/03/2021