L'épisode PSG
J'ai connu deux années de galère inimaginable. Au moment de la signature au PSG dans le bureau du président, il était au téléphone avec quelqu'un. C'était Mr Simplice Zinsou, qui refusait de signer la lettre de sortie.
Pourtant, je n'avais pas signé de contrat avec l'Africa Sports. A l'époque, il fallait juste disposer d'une lettre de sortie en fin de saison si l'on éprouvait le désir de partir. C'était trop demander à Zinsou. Il a dit au Président Francis Borelli du Paris ST Germain, en ma présence, qu'il ne pouvait pas accepter un délinquant dans une équipe dont il possédait des actions. Et le Président du PSG de poursuivre: " Ah bon, vous n'écoutez pas vos dirigeant ?"
Ce coup de fil a ruiné une partie de ma carrière. Pourtant, une semaine après mon arrivée au PSG, le coach dont je ne me souviens plus le nom, m'a confirmé que l'essai était concluant. Je me souviens que c'était la période de préparation du tournoi de Paris. L'équipe type du PSG dont je faisais partie a joué contre l'équipe nationale du Brésil, qui quelques mois plus tard participât au mondial 1978 en Argentine. Alors, ma déception fut immense.
Pendant un an, je faisais du footing dans Paris tous les soirs pour conserver la forme. Personne ne s'intéressait à moi.
Je dois souligner un fait: Je suis arrivé à l'Africa grâce à Sékou Koulibaly, Guy Ayéna, Pépé Paul et mon père adoptif, feu Norbert Gbétibouo. C'est au vu des performances du club que Zinsou est venu profiter de l'Africa Sports.
Il devra s'excuser un jour publiquement pour sa méchanceté gratuite à mon encontre, et je sais que plusieurs joueurs ont eu leur carrière brisée à cause de ce monsieur. Pascal Miezan a eu toutes les offres alléchantes qui puissent exister. Zinsou l'a empêché de s'offrir un avenir meilleur. Il est mort seul, malheureux. C'est inadmissible!
Il a confisqué tous mes biens. Ma famille était à la rue à Abidjan (Riviera où vivaient ma femme et mon petit garçon). J'ai dû aller constater les faits parce que je n'y croyais pas. J'avais tout perdu. Sékou Coulibaly et Mady Sanfo ( Hassane Issifi Alfari), des supporters inconnus qui se saignaient ont pu loger ma famille à l'hotel Ivoire en attendant mon retour de Paris.
Tous les journalistes qui pouvaient dénoncer cette injustice ont raconté le contraire de ce que je leur avais dit quand ils sont venus m'interviewer à ce sujet.
L'homme, Simplice Zinsou était simplement Dieu sur terre. Il était prêt a me restituer mes bien si et seulement si je revenais à l’Africa. Je ne pouvais tolérer ce chantage. Quelques supporters généreux m'ont aidé à sortir d'Abidjan. Mon pauvre Père adoptif s'y est mis aussi, mais lui, je ne le blâme pas. Il n'avait aucun pouvoir. Même, Maitre Mondon m'avait conseillé de quitter la Côte d'Ivoire à l'époque.
I.T : ce que vous dites est grave ! Quel acte de délinquance avez- vous posé?
A.C: Moi, délinquant? Par politesse, je préfère mesurer mes propos pour l'instant. Je suis un footballeur qui court derrière un ballon mais qui utilise sa cervelle pour être le meilleur. Je suis issu d'une famille d'intellectuels guinéens (Soussous). Mon regretté père, Touré Momo fut Syndicaliste, Député et Directeur général de l'hôtel Camayene.
Mon frère ainé était le Dr Bouba. Il a périt avec tous ses collègues de l'O.M.S dans un crash d'avion en mission au zaïre.
Mon autre grand frère Sam était un célèbre journaliste.
Mon petit frère, Touré Abdoulaye Brel est ingénieur agronome.
Ma petite sœur est directrice de banque à Conakry.
J'ai compris très tôt que je pouvais monnayer mon talent de footballeur mais certains dirigeants ont pensé qu'ils avaient affaire à un crève- la faim! Oui, les milliardaires de pacotille jouissent de la sueur et du talent de jeunes qui n'ont rien à se mettre sous la dent après matches et entraînements. Il faut en finir avec ces genres de pratiques.
I.T : comment arrivez-vous à vous refocaliser sur le foot après cette traversée du désert?
A.C : Ironie du sort, mon identité va transformer mon destin.
Enfin de compte, c'est à Orléans, en deuxième division que j'ai dû signer un " contrat de confiance". Pourtant j'étais au sommet de mon art.
Là encore j'ai faillit me faire expulser du territoire parce que j'étais en possession d'un passeport Sierra Léonais, pendant que je clamais à qui voulait l'entendre que j'étais Guinéen. Le policier qui m'a auditionné m'a dit de prouver que j'étais Guinéen. Je lui sors mon extrait de naissance et après vérification, il se trouve que je peux bénéficier de la nationalité Française. Le chapitre identitaire était enfin clos.
L'athlète c'est le moral avant tout. Mon moral avait pris un coup de massue. Il me fallait tout recommencer. J'ai passé deux ans (1980-1982) à Orléans sans manquer de planter des buts comme au pays. Ensuite, je me retrouve à Brest. Cette fois en première division (1982-1984).
I.T: effectivement ! Mais vous évoluiez en défense?
A.C: oui, je deviens latéral pour assurer le service minimum à cause d’une douleur au genou que je trainais depuis Abidjan. Mon genou avait été mal soigné. D'ailleurs, je dois ici rendre hommage à mon ami Kobinan Kouma qui a tout tenté pour me guérir. Il m' a confié á quelqu'un dans son village pour des soins.
I.T : quelles ont été les circonstances de cette blessure? Il ya toujours eu une polémique à ce sujet.
A.C: terrible! C'était contre le Stade d'Abidjan. Pascal m'offre une balle en profondeur comme il sait le faire. Au moment où je démarre, le joueur adverse écrase de tout son poids mon genou. Je me suis assis pour constater que ma rotule était entièrement retournée. Je l'ai remise en place et c'est quand je me redresse sur les deux jambes que je comprends que c'est terminé. Je peux vous confirmer que l'opération n'avait pas été un succès. J'ai été opéré par le médecin personnel du Président Houphouët. Le destin venait de frapper à ma porte. Il fallait m'arrêter et c'est ce qu'ils ont fait. Cela fait malheureusement partie du football, donc je préfère taire la polémique du coupable. Je traine encore ce handicap, mais c'est de l'histoire ancienne.
I.T. Quel est le défenseur que vous redoutiez le plus?-Pourquoi vos chaussettes étaient-elles toujours baissées, pourtant les vedettes comme vous n'étaient pas particulièrement protégées par les arbitres?
A.C: je ne craignais aucun défenseur parce que mon focus sur un terrain de foot, c'était mon travail; marquer des buts. Je crois que je le faisais bien. Quelques jours avant une rencontre contre le Stella d'Adjamé, je suis allé les narguer à l'entraînement. Ils ont bien faillit me lyncher, toujours avec Sékou. Le jour du match, l'ambiance était surchauffée dans les vestiaires. En général dans les vestiaires, c'est le silence total si Blé Tety ne détend pas l'atmosphère (d’ailleurs celui-là, Blé Tety, dites lui de sortir de son village. Les anciens sont de retour). Mais ce jour-là il y avait du feu. Imaginez-vous Koffi Konan Bébé qui vous respire dans le dos. Je n'ai pas touché au ballon jusqu'à la 89ème minute où je crucifie les Stellistes. J'avais horreur des défaites.
Une confidence. J'entends souvent dire que j'étais technicien et autres superlatifs. J'en suis surpris et flatté. Pour ma part, je confirme que j'étais plutôt très rapide balle aux pieds parce que je travaillais beaucoup ma conditition physique. Je faisais des gestes de la main soit à Pascal Miezan ou Kobinan et je démarrais. Je pouvais brûler la politesse à toute une défense. Tout ça en fonction de mon placement dans les 25 mètres.
J'embarquais les défenseurs loin de leur périmètre et je faisais signe du doigt à Pascal Miezan ou Kobinan de lancer dans les couloirs ou en cloche. Ma vitesse me permettait donc de me retrouver seul face au malheureux gardien de buts adverse pour le bonheur des ôyés. Je n'etais pas adepte des "Une-deux", sauf avec Kobinan dans les 18m. Pour moi, c'était filer tout droit au but adverse (Irié bi Toh peut en temoigner). Ah ! le fotball était facile avec Miezan, kobinan et Lebry dans un match. A droite nous avions Yah Semon qui partait très vite et des fois Kouamé Lucien qui venait tout deménager. Quelle époque !
Je préférais baisser les chaussettes parce que les "protège-tibia" étaient tout simplement encombrants avec le climat chaud.
I.T: Revenons à Brest:
A.C: j'avais un défi à relever par rapport à la méchanceté gratuite et inexplicable de Simplice Zinsou et je l'ai fait. J’ai joué en Pro.
Après, c'est moi qui ai lâché le football. Le football ne m'a pas lâché. J'étais surmené, saturé.
Au haut niveau, il faut savoir partir par la grande porte, sinon on vous sortira par la fenêtre. (Rires).
A l'époque, quand j'ai dit à Paul Leguen que j'arrêtais, il a cru que je pêtais les plombs, mais pour moi, j'avais gagné ma vie.
I.T: ça se voit que vous êtes heureux.
A.C: oui. Je ne regrette rien. Seulement, j'aimerais dire grand merci à la Côte d'Ivoire. Aux supporters de l'Africa Sports. A la jeune génération, particulièrement, j'aimerais les exhorter à travailler d'arrache- pied pour les "Verts et Rouge" car ce sont eux et les supporters qui font le Club. Je les encourage à imiter Didier Drogba à qui je souhaite beaucoup de bonheur dans sa quête de la présidence de la FiF. Il l'aura mérité s'il est élu. Qu’il n’oublie pas qu’il aura besoin de tout le monde pour mener son projet à bon port.
I.T: revenons à l'Africa Sports. Avec les autres, Etiez-vous salariés?
A.C: pas du tout. Juste une signature de licence. Du coup, on ne gagnait pas grand chose. Mais tout a changé pour moi quand feu Maitre Mondon, le Président du Stade d'Abidjan m'a offert un pont d'or (5.000 000f. CFA) en 1977 pour rejoindre son club.
Par contre, Au cours de notre causerie il m'a demandé si j'avais pensé aux supporters et à mon club avant d'accepter. Maitre Mondon servait le football ivoirien. Il n'était pas au football pour se servir.
A la suite de notre entretien, j'ai informé mon père Norbert Gbétibouo et par miracle mon traitement salarial a changé. Zinsou, Louis Sampah et mon père adoptif m'ont remis un chèque de 1.500.000f. CFA pour demeurer à l'Africa. J'ai touché mon premier million.
Ensuite, on m'a proposé un emploi. Ce sont les supporters qui m'ont offert ce poste.
J'insiste sur le rôle des supporters dans l'ombre qui travaillaient pour le rayonnement du club. Les gens comme Norbert Gbétibouo, Vouzon Célestin, Jean Tahi, hassan Issfi Alfari et d'autres dont j'oublie les noms, mais ils se reconnaitront s'ils sont encore avec nous. Ceux-là, c'étaient les aiglons.
Je preferais toujours le repas sobre et la bouteille de "Tip Top café"d'un supporter lambda dans un ghetto, au festin et champagne du gros bonnet. Voici comment je me suis fait des ennemis.
C'est à partir de ce moment que Zinsou a commencé à me détester aussi. Je suis sans doute celui grâce à qui les coéquipiers de l'époque ont commencé à percevoir un salaire. Je ne pouvais pas concevoir que des footballeurs fassent le tour des bureaux des dirigeants le lundi matin pour "quémander" après avoir travaillé dur le dimanche. Je l'ai fait une ou deux fois mais ce n'était pas mon truc.
Je ne l'ai pas accepté au Hafia FC où j'ai joué mon premier match à 17 ans avec compétitions africaines, ni au Silly National, l'équipe nationale où j'ai compris après seulement dix sélections qu’être à la merci de dirigeants véreux ne m'arrangeait pas. Pareil quand je suis arrivé dans le club militaire de Black pool et en équipe nationale de Sierra Leone.
I.T: vous avez du tempérament?
A.C: je suis de nature réservé et humble mais je refuse qu'on me fasse marcher. Une fois, après le fameux Africa-Hafia où j'avais planté 4 buts à mon ancien club, le Directeur technique Kallet Bially me tend ma prime de match et s'étonne que je ne lui dise pas merci. Je n'y ai rien compris, car en ce qui me concernait je venais juste de percevoir le fruit de mon labeur.
Plus tard, on m'a raconté un peu ce que Mr Kallet représentait au Club. Donc voilà. C’était le clash de deux personnalités. A l'époque, l'épisode a fait les choux gras de la presse. Il se racontait même que j'avais claqué la porte, pourtant ce n'était que du "buzz" de la part des journalistes qui ont dû être témoins de l'incident.
Merci aux supporters de l'Africa Sports
I.T: Regrettez-vous d'avoir quitté la Côte d'Ivoire?
AC: je vais vous avouer quelque chose. Je suis né Guinéen, mais je me considère Ivoirien pour le destin que ce pays m'a offert.
Voyez-vous? C'est à Abidjan que j'ai arrêté les boîtes de nuit, la cigarette et la fête. J'avais fini par comprendre que quelque chose de spécial se dessinait. J'étais international Guinéen- Sierra léonais sans le sou. A Abidjan c'était la villa à la Riviera et la voiture. Mes amis du Hafia sont allés chez moi après le fameux tournoi ID. Ils étaient stupéfaits de mon standard de vie.
Ma mère est allée à Abidjan. A sa sortie de l'aéroport, il lui a suffit de dire qu'elle était la mère de Sam Turray et une bousculade énorme s'en est suivie entre les taxis. Ils me l'ont conduite jusque devant ma porte.
Zinsou, Sampah et Mr Norbert Gbétibouo l'ont reçue avec une enveloppe. Je n'ai jamais su combien elle contenait, mais apparemment c'était suffisant pour financer son voyage à la Mecque en 1978.
Mon père qui ne voulait pas entendre parler de football, avait ses oreilles scotchées au transistor tous les weekends pour écouter les journalistes comme, Kanté Boubacar et Tshimpoupou Wa Tshimpoupou narrer sur les ondes internationales les prouesses de son fils, le seul non diplômé, mais le plus riche (rires).
Tiens, mon visage seul suffisait aux postes frontières Ivoiriennes. Une fois, en compagnie de la mère des garçons en venant du Liberia dans la première ville sur notre territoire, quelqu'un m'a reconnu et a insisté que ma famille passe la nuit chez lui (c'était le crépuscule). C'était ça mon monde. Une autre fois en infraction avec ma voiture à l'aéroport Félix Houphouët-Boigny, quelqu'un est intervenu pour m'éviter une contravention. Les policier m'ont payé le taxi pour retourner à la Riviera récupérer mon passeport.
Plus tard j'ai été informé par la dame bété que j'aurais dȗ épouser que l'inconnu de l'aéroport était Mr Ndia Houphouët. Il était ami de la dame donc il lui a dit qu'il venait de libérer " le petit joueur". (Rires).
Par contre, je ne regrette pas d'avoir cherché à voir ailleurs quand je pense à des talents comme Miezan Pascal, Lebry Jerôme, Gbizié Léon, Bodo Maier et bien d'autres "gloires" qui sont malheureusement décédées dans les conditions que nous connaissons.
I.T: suiviez-vous l'évolution de l'Africa depuis l'Europe?
A.C: pas vraiment, mais je sais que des siéra léonais y sont allés après moi. Notamment Ismael Dayifan, un riche héritier contre lequel j'avais disputé des rencontres quand il était avec le club du port autonome de Freetown. Son père en était le président. Ismael n'aurait pas eu besoin de l'Africa pour vivre. Je sais qu'il n'était pas impressionné par les "bling bling" de Zinsou.
Il y avait aussi Brima Kamara qui était un intellectuel de famille modeste. Un très bon joueur. C'étaient nos rivaux mais nous étions coéquipiers en équipe nationale avec les Oumar Dean Cissé et Mamadou Kabo.
I.T: que pensez- vous du championnat ivoirien de l'époque? Quels footballeurs vous ont impressionné ?
A.C : Comme je l'ai déjà dit, notre rêve était de jouer en RCI. Jouer pour un club comme l'Africa fut un bonus. Le footballeur qui m'a le plus marqué c'était mon coéquipier Pascal Miezan. Nous n'avions pas besoin de nous parler sur le rectangle. Le garçon avait un coup d'œil hors du commun. C'était un footballeur d'exception. Sa mort m'attriste beaucoup. Que quelqu'un me dise de quoi ce garçon est mort. Seul à l'hôpital et malheureux ?
Et Lebry Manhoua Jerôme, un jeu de tête phénoménal ! Parfois, je me demandais comment Il réussissait tous ces exploits. Regardez un peu comment il a quitté ce monde !
I.T: croyez-vous à la magie noire africaine? L'avez- vous pratiquée ?
A.C: Je suis croyant, mais pas pratiquant. Ma famille est musulmane, ça ne me gène pas de rentrer dans une Eglise pour une prière à cet Etre au-dessus de tout, qui a crée le monde ici-bas, maître de la nature. Figurez-vous, les africains ont un savoir qu'ils ne maîtrisent pas c'est pourquoi nous sommes encore dominés.
Au cours d'un match à Freetown, je pars de très loin et je frappe lourdement une balle assassine. Je savais que c'était le but. Le public jubilait mais le ballon a contourné le gardien de but pour ressortir de la cage. Après le match, les deux équipes se retrouvent en boîte de nuit et je rencontre ce même gardien de but qui me dit ceci: " Eh, toi ! Tu sais que ce but que tu as manqué cet après-midi, si tu l'avais marqué, tu mourrais ce soir?" Il me l'a dit avec le sourire aux lèvres. C'est un autre visage de l'Afrique. A l'Africa, je n'ai pas connu tout ça mais en Sierra Leone avant chaque match, nous prenions une douche "magique", dit-on pour nous protéger.
I.T: Sam Turray, 40 plus tard, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts tant à l'Africa que dans votre vie. Pourquoi choisissez-vous de parler maintenant ?
A.C: question pertinente. Ecoutez, j'ai 66 ans, je suis un ancien du Hafia , du Sily national et la Sierra Leone où j'ai évolué en équipe nationale avec les Oumar Dean Cissé et Amadou Kabo. Ces pays ne m'ont rien offert. C'est la Côte D'Ivoire qui m'a fait. Mais Simplice Zinsou a usé de son pouvoir pour me tenter de me briser et m'arracher mon bonheur et celui de l'Africa Sports. Heureusement que mon fils Larsen a suivi mes traces. Je lui rends hommage, lui et ses frères. Après 40 ans, les gens doivent savoir pourquoi Sam Turray a disparu. Je me suis reconverti en affaires quand j'ai mis fin à ma carrière. J'étais souvent en escale à Abidjan mais il fallait faire profil bas. Aujourd'hui, je veux que Simplice Zinsou me restitue ma dignité et mes biens. Il me les doit. Ce qu'il m'a pris lorsqu'il a vidé ma villa en mon absence il ya 40 ans, est d'une valeur matérielle et sentimentale inestimable. Le PSG a reconnu ma valeur. J'étais juste allé faire un essai. Ce n'était pas un crime!
I.T: votre mot de la fin?
A.C: Permettez-moi de saisir l'occasion que vous m'offrez pour rendre hommage à la communauté guinéenne d'Abidjan. Surtout mes amis: Lopez (sans lui je n'aurais jamais joué chez les "Oyés". En France, il était encore au four et au moulin. Les deux Disté (c'est l'un d' entre eux qui m'a reconnu dans la rue à Treichville quand je n'arrivais pas à joindre M. Akran). Et puis, Moro (ils sont tous décédés). Il ya mon cousin Sankhon à Orléans. Thompson qui m'a offert sa chemise (rires).
Ceux- là ont fait basculer mon destin et je leur en serai à jamais reconnaissant.
Je remercie votre magazine de m'avoir donné l'opportunité de revenir sur des années riches en péripéties entre moi et le chaleureux public sportif ivoirien. Vous publiez en Anglais et en Français. C'est un avantage. Vous êtes à encourager et à accompagner avec des sponsors solides. Désormais tout le monde sait pourquoi Mady Touré alias Alioune Cissé-Sam Turray a préféré aller monnayer son talent en Europe.
Aux sportifs ivoiriens, vous avez de la chance d'avoir un monsieur du football comme Didier Drogba qui peut transformer la vie des adeptes de ce sport roi que vous aimez tant. Saisissez l'opportunité qui vous est offerte au bon moment. Il ya des virages de la vie qu'il faut éviter de rater sinon, le regret restera la constante. Le football appartient aux vrais acteurs du football. Pas aux aventuriers.
Merci à mes garçons : Ousmane et Larsen Touré.
Si un jour je décide de rentrer en Afrique, je m'installerai dans la perle des lagunes en Côte d'Ivoire.
Ce pays m'a tout donné!
Publié par Claude B. Djaquis & Billy Jenkins
ivorycoasttribune.com
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*Remerciements à Bollou Joachim/Archives
*Sékou Coulibaly, ex Africa Sports.