Engagement en faveur du processus démocratique ? Les États-Unis font la leçon à la Côte d'Ivoire, malgré l'atmosphère d'imbroglio électoral Biden-Trump.
5 nov, 2020 08:23
L'ambassade des États-Unis en Côte d'Ivoire a exhorté mercredi la nation africaine à respecter le processus démocratique et à engager un dialogue à la suite d'un vote présidentiel controversé - Pendant que ses propres élections sont au bord du chaos.
Les États-Unis sont réputés pour leur volonté apparemment inépuisable de faire la leçon aux autres nations du monde sur la manière de pratiquer la démocratie. Et ils semblent avoir trouvé une nouvelle occasion d'affiner leurs compétences dans ce domaine.
"Les États-Unis appellent les dirigeants de la Côte d'Ivoire à faire preuve d'engagement envers le processus démocratique et l'État de droit", a déclaré l'ambassade des États-Unis à Abidjan dans un communiqué mercredi, au moment même où les deux candidats à la présidence américaine semblent se préparer à une longue et féroce bataille juridique sur le décompte des voix dans une élection présidentielle très disputée.
Les diplomates américains, quant à eux, ont exhorté "tous les partis, groupes et individus" en Côte d'Ivoire à s'engager dans un "dialogue inclusif" et à "surmonter les divisions nationales" - une recommandation que les Etats-Unis eux-mêmes pourraient trouver utile puisque les tensions entre les camps démocrates et républicains sont également très fortes depuis un certain temps.
Les États-Unis semblent joindre le geste à la parole lorsqu'ils affirment que "les griefs liés à l'élection présidentielle" devraient être résolus par le biais de la "procédure juridique". C'est du moins ce que le président Donald Trump et son concurrent du Parti démocrate, Joe Biden, ont apparemment l'intention de faire.
La campagne de Trump a déjà déposé des plaintes concernant le décompte des voix dans plusieurs États clés, tandis que le camp de Biden a lancé un appel à la collecte de fonds pour les partisans, cherchant à financer "l'effort juridique le plus important et le plus complet jamais réuni" en préparation d'une bataille qui pourrait durer des semaines devant les tribunaux.
Le vote présidentiel en Côte d'Ivoire ne semble en effet pas être un parangon du processus démocratique. Boycottée par l'opposition, l'élection a connu des flambées de violence sporadiques qui se sont traduites par des affrontements dans les bureaux de vote et ont fait deux à quatre morts et des dizaines de blessés, selon diverses estimations.
L'opposition n'a pas reconnu la victoire revendiquée par le président sortant, Alassane Ouattara, et a annoncé son intention de créer un "gouvernement de transition" et d'organiser une nouvelle élection. Ce pays, qui a connu une guerre civile à la suite d'une autre élection contestée en 2010, pourrait connaître une nouvelle effusion de sang, puisque l'ancien Premier ministre Guillaume Soro, qui s'est vu interdire de se présenter à l'élection, a appelé l'armée à "agir" mercredi.
Néanmoins, les États-Unis, le "phare de la démocratie", où de violentes échauffourées entre manifestants rivaux se produisent régulièrement dans tout le pays et où les deux camps politiques s'accusent mutuellement de manipulation électorale avant même que tous les votes ne soient comptés, ne semblent pas être un exemple particulièrement à suivre.
R.T